mercredi 23 juillet 2008

vendredi 7 mars 2008

GOS


Elle est pas mal, du Green OS, de l'OS écolo. Orientée Web, elle est trop légere, le nom n'est pas definitif, mais elle est cool, une petite barre à la Mac OS, et surtout Google Gears afin de bosser en mode offline.

Je l'ai installé, elle fonctionne très bien, on peut tout de même regreter le manque de Open Office, mais cela dit, on peut toujours se contenter de Google Docs.

mercredi 10 janvier 2007

Quand l’Afrique se soustrait à la marche du monde : De nouveau, esclaves ?

Une petite analyse sur les problèmes d'Afrique, cet article est 
incontestablement le plus judicieux que je n'ai jamais lu sur l'Afrique.

Bonne lecture.

Quand l’Afrique se soustrait à la marche du monde : De nouveau, esclaves ?

jeudi 10 août 2006.
Il arrive dans la vie qu’une conversation banale nous secoue pendant des heures voire des jours. J’attendais tranquillement un ami au terminus d’autobus de Montréal quand un monsieur d’un certain âge a pris place à mes côtés avant d’engager l’une des conversations les plus enrichissantes de ma vie.

Professeur d’études stratégiques dans un institut international, l’homme connaît le continent africain comme le fond de sa poche. Son analyse, son point de vue sur notre avenir, donne froid dans le dos. Et s’il vous plaît, ne sortez pas la rancune du « colon nostalgique ». Lisez avec la tête et la raison ce qu’il dit. Je vous rapporte fidèlement ses constats :

« Cela fait maintenant plus de 25 ans que j’enseigne la stratégie. Dans ma carrière, j’ai eu affaire à des dizaines d’officiers et de hauts fonctionnaires africains. Je suis malheureusement obligé de vous dire ceci : du point de vue des études stratégiques, de l’analyse et de l’anticipation, je leur donne un gros zéro pointé. Nos stagiaires africains sont très instruits, ils ont de belles tenues militaires ou manient le français de manière remarquable, mais, dans les cours, ils ne nous apportent rien. Tout simplement, parce qu’à ma connaissance, dans toute l’Afrique francophone, il n’y a pas un seul centre d’études stratégiques et internationales avec des vrais professionnels à leur tête.

Je vais vous expliquer pourquoi je n’ai aucun espoir pour ce continent. Au moment où je parle, le monde fait face à trois enjeux principaux : l’énergie, la défense stratégique et la mondialisation. Donnez-moi un seul cas où l’Afrique apporte quelque chose. Rien. Zéro. Commençons par l’énergie et précisément le pétrole. Tous les experts mondialement reconnus sont unanimes à reconnaître que d’ici 15 à 20 ans, cette ressource sera rare et excessivement chère. En 2020, le prix du baril tournera autour de 120 dollars. C’est conscients de cette réalité que des pays comme les USA, la France, la Chine, le Royaume Uni, etc. ont mis sur pied des task force chargés d’étudier et de proposer des solutions qui permettront à ces nations de faire main basse sur les ressources mondiales, de s’assurer que quoi qu’il advienne, leur approvisionnement sera assuré.

Or, que constate-t-on en Afrique ? Les dirigeants de ce continent ne sont même pas conscients du danger qui les guette : se retrouver tout simplement privé de pétrole, ce qui signifie ni plus ni moins qu’un retour à la préhistoire ! Dans un pays comme le Gabon qui verra ses puits de pétrole tarir dans un maximum de 10 ans, aucune mesure de sauvegarde, aucune mesure alternative n’est prise par les autorités. Au contraire, ils prient pour que l’on retrouve d’autres gisements. Pour l’Afrique, le pétrole ne comporte aucun enjeu stratégique : il suffit juste de pomper et de vendre. Les sommes récoltées prennent deux directions : les poches des dirigeants et les coffres des marchands d’arme. C’est pathétique.

Ensuite, la défense stratégique. L’état de déliquescence des armées africaines est si avancé que n’importe quel mouvement armé disposant de quelques pick-up et de Kalachnikov est capable de les mettre en déroute. Je pense qu’il s’agit plus d’armées de répression intérieure que de guerre ou de défense intelligente. Pourquoi ? Parce que, comparées aux armées des nations développées, de la Chine, de l’Inde ou du Pakistan, les forces africaines rappellent plus le Moyen âge que le 21e siècle. Prenez par exemple le cas de la défense anti-aérienne. Il n’y a quasiment aucun pays qui possède un système de défense équipé de missiles anti-aériens modernes. Ils ont encore recours aux canons antiaériens. Les cartes dont disposent certains états-majors datent de la colonisation ! Et aucun pays n’a accès à des satellites capables de le renseigner sur les mouvements de personnes ou d’aéronefs suspects dans son espace aérien sans l’aide de forces étrangères. Quelle est la conséquence de cette inertie ? Aujourd’hui, des pays comme les Etats-Unis, la France ou le Royaume-Uni peuvent détruire, en une journée, toutes les structures d’une armée africaine sans envoyer un seul soldat au sol. Rien qu’en se servant des satellites, des missiles de croisière et des bombardiers stratégiques. A mon avis et je crois que je rêve, si les pays africains se mettaient ensemble, et que chacun accepte de donner seulement 10 % de son budget militaire à un centre continental de recherche et d’application sur les systèmes de défense, le continent peut faire un pas de géant.

Il y a en Russie, en Ukraine, en Chine, en Inde, des centaines de scientifiques de très haut niveau qui accepteraient de travailler pour 3000 dollars US par mois afin de vous livrer des armes sophistiquées fabriquées sur le continent et servant à votre défense. Ne croyez pas que je rigole. Il ne faut jamais être naïf. Si la survie de l’Occident passe par une recolonisation de l’Afrique et la mainmise sur ses ressources naturelles vitales, cela se fera sans état d’âme. Ne croyez pas trop au droit international et aux principes de paix, ce sont toujours les faibles qui s’accrochent à ces chimères. Je pense qu’il est temps de transformer vos officiers (dont 90 % sont des fils à papa pistonnés qui ne feront jamais la guerre et je sais de quoi je parle) en scientifiques capables de faire de la recherche et du développement. Mais, je suis sceptique. Je crois que ce continent restera enfoncé dans le sommeil jusqu’au jour où le ciel lui tombera sur la tête.

Enfin, la mondialisation. Malheureusement, comme dans tous les autres sujets in qui ont fait leur temps, les stagiaires africains que nous recevons sont d’excellents perroquets qui répètent mécaniquement les arguments qu’ils entendent en Occident. A savoir, il faut la rendre humaine, aider les pays pauvres à y faire face. Vous savez, dans mes fonctions, il y a des réalités que je ne peux dire, mais je vais vous les dire. La mondialisation est juste la forme moderne de perpétuation de l’inégalité économique. Pour être clair, je vous dirai que ce concept à un but : garder les pays pauvres comme sources d’approvisionnement en biens et ressources qui permettraient aux pays riches de conserver leur niveau de vie. Autrement dit, le travail dur, pénible, à faible valeur ajoutée et impraticable en Occident sera fait dans le Tiers-monde.

Ainsi, les appareils électroniques qui coûtaient 300 dollars US en 1980 reviennent toujours au même prix en 2006. Et puisqu’il l’Afrique n’a toujours pas un plan cohérent de développement économique et d’indépendance, elle continuera à être un réservoir de consommation où seront déversés tous les produits fabriqués dans le monde. Pour moi, l’indépendance signifie d’abord un certain degré d’autonomie. Mais, quand je vois que des pays comme le Sénégal, le Mali, le Niger ou la Centrafrique importent quasiment 45 % de leur propre nourriture de l’étranger, vous comprendrez qu’un simple embargo militaire sur les livraisons de biens et services suffirait à les anéantir. Pour terminer, je vais vous raconter une anecdote. Je parlais avec un colonel sénégalais venu en stage chez nous il y a quelques mois. Nous regardions à la télévision les images de millions de Libanais qui défilaient dans les rues pour réclamer le retrait des soldats syriens de leur pays. Je lui ai demandé ce qu’il en pensait. Il m’a répondu : « Les Libanais veulent retrouver leur indépendance et la présence syrienne les étouffe ». C’est la réponse typique de la naïveté empruntée d’angélisme. Je lui ai expliqué que ces manifestations ne sont ni spontanées ni l’expression d’un ras-le-bol. Elles sont savamment planifiées parce qu’elles ont un but. Israël piaffe d’impatience d’en découdre avec le Hezbollah et puisque Tel-Aviv ne peut faire la guerre en même temps aux Palestiniens, au Hezbollah et à la Syrie, son souhait est que Damas se retire. Une fois le Liban à découvert, Israël aura carte blanche pour l’envahir et y faire ce qu’elle veut. J’ai appelé cet officier sénégalais il y a deux jours pour lui rappeler notre conservation. Malheureusement, il était passé à autre chose. Son stage ne lui a servi à rien.

J’espère vraiment qu’un jour, les Africains auront conscience de la force de l’union, de l’analyse et de l’anticipation. L’Histoire nous démontre que la coexistence entre peuples a toujours été et sera toujours un rapport de force. Le jour où vous aurez votre arme nucléaire comme la Chine et l’Inde, vous pourrez vous consacrer tranquillement à votre développement. Mais tant que vous aurez le genre de dirigeants que je rencontre souvent, vous ne comprendrez jamais que le respect s’arrache par l’intelligence et la force.

Je ne suis pas optimiste. Car, si demain l’Union africaine ou la CEDEAO décide de créer un Institut africain d’études stratégiques crédible et fiable, les personnes qui seront choisies se précipiteront en Occident pour apprendre notre manière de voir le monde et ses enjeux. Or, l’enjeu est autre, il s’agit de développer leur manière de voir le monde, une manière africaine tenant compte des intérêts de l’Afrique. Alors, les fonctionnaires qui seront là, à statut diplomatique, surpayés, inefficaces et incapables de réfléchir sans l’apport des experts occidentaux se contenteront de faire du copier-coller, ce sera un autre parmi les multiples gâchis du continent. Avant que vos ministères des Affaires étrangères ne fassent des analyses sur la marche du monde, ils feraient mieux d’en faire d’abord pour votre propre intérêt ».

Ousmane Sow (journaliste, Montréal)

27 juillet 2006

Source : lefaso.net

lundi 8 janvier 2007

Interdit aux chiens et aux Blondes

Puisque je n'ai pas grand chose à bloguer en ce moment, alors une petite 
chronique de Fouad Laroui s'impose.


Interdit aux chiens et aux Blondes 

Quand même, on vit une époque assez dingue. Il fut un temps - disons, de la chute de Constantinople jusqu’à dimanche dernier - où les choses étaient simples : être blanc, c’était bien ; être noir, moins bien ; et être arabe, c’était l’abomination de la désolation. Tout cela était un peu injuste, certes, mais comme c’étaient les types les plus forts qui l’affirmaient, il fallait bien les croire. Il y a un demi-millénaire, ces costauds disposaient d’arbalètes ; aujourd’hui, ils alignent dix mille têtes nucléaires, mais c’est tout comme : techniquement, ils ont une longueur d’avance sur nous, pauvres métèques, et nous sommes réduits à quia.

Pardonnez-moi ce préambule philosophique après lequel on va, curieusement, parler de football. Hier, j’étais assis dans les tribunes d’un stade ouvert aux vents pour voir le Sparta de Rotterdam battre l’arrogant Ajax d’Amsterdam par 3 à 0. Intense jubilation, certes, mais on n’est pas là pour parler de ça. On est là pour parler d’un incident qui m’a sidéré. À un certain moment, exactement à la 17e minute du match, le meneur de jeu d’Ajax, l’international Wesley Snijder, énervé par un tacle un peu trop appuyé d’un joueur de Sparta, se retourne et hurle :

- Sale Blanc !


Soyons clair : Snijder est aussi blanc et blond que, disons, Le Pen, et l’autre joueur aussi blanc et blond que, disons, Hermann Goering. Vous voyez Le Pen traiter Goering de sale Blanc ? Jugez de mon désarroi.

Où va le monde, hein ? On ne s’y retrouve plus. Franchement, il y a de quoi se présenter spontanément au Tribunal de Nuremberg, la corde au cou, et laisser les juges démêler l’affaire.

En vérité, le pâle Snijder utilisa une expression plus compliquée (« vuile witte tyfushond ») qu’on pourrait traduire par « Sale Blanc atteint du typhus des chiens », mais, pour ne pas effrayer les petits, on s’en tiendra à « sale Blanc ». Il semble d’ailleurs que l’étonnante injure ait été inventée dans le feu de l’action par l’imaginatif avant-centre auquel on peut donc prédire un avenir de poète après que sa carrière de footballeur aura pris fin.
En tout cas, l’arbitre n’hésita pas à sortir le carton rouge et renvoya le poète à ses études de chromatologie. Or - l’affaire se corse - ledit Snijder refusa de sortir au motif que « sale Blanc » n’était pas une injure raciste. Sale Noir/Juif/ Arabe/Tchétchène, OK, tout ça c’est du racisme, mais Blanc ? Juristes, à vos Dalloz ! Voilà un cas que Me Vergès lui-même n’a pas prévu. En tout cas, depuis hier, le débat fait rage au pays de Rembrandt - le maître du clair-obscur. Est-il répréhensible de se traiter les uns les autres de Blancs ? Et, tant qu’on y est, de Roses ? Tout le monde sait en effet que les Blancs - j’en compte parmi mes meilleurs amis - sont en fait roses.
Je crois qu’on assiste à la fin d’une époque. L’intrusion du footballeur Snijder dans nos consciences signifie peut-être la fin du racisme tel qu’on le connaît depuis les Croisades. Désormais, on est tous, quelque part, victime potentielle. Va donc, eh, sale Blonde aux yeux bleus… La fin de l’Histoire, annonçait Fukuyama. La fin de la Couleur, répond Snijder. Affolant !

Fouad Laroui
Source : Jeune Afrique

mardi 2 janvier 2007

Et Ils allèrent tous deux ensemble

Je voulais partager avec un vous un texte sublime, un texte offert part mon ami Maimon, un ami rabin, certes ça peut choquer quelques internautes, mais une bonne étape pour aller vers la paix est de faire la paix à notre niveau, essayer de faire ce que nos gouvernements n'arrivent pas à faire. Ce texte est un cadeau dit "modeste" de mon ami Mainmon à l'occasion de l'Aid El Adha, mais un cadeau qui rechauffe le coeur.

Bonne lecture à tout le monde, et merci Mainmon pour ce texte fabuleux.

“עשרה נסיונות נתנסה אברהם אבינו עליו השלום ועמד בכולם להודיע כמה חבתו של אברהם אבינו עליו השלום”

(‘ASSaRaH NiSSYiONOTH NaTNeSSaH AVRaHaM AVYNOU ‘AlaV HaSHaLOM Vé’AMaD BéKOULaM LeHODiY’A KaMaH KhaVaTO SheL AVRaHaM AVYNOU ‘AlaV HaSHaLOM) [Dix épreuves ont été données à Avraham notre père, sur lui la paix, et il les a toutes surmontées, cela pour te montrer l’affection d’Avraham notre père, sur lui la paix (envers le créateur).] Pirkei Avoth (5,3)
Le commentaire du Maimonide dit : « Dix épreuves ont été données à Avraham… : et toute sont écrites (dans la Torah). La première, l’exil, comme il est écrit : « Va pour toi… » (Genèse 12,1). La seconde est la famine en terre de Canaan, alors qu’il venait d’y arriver et que D. lui avait dit « …et je ferais de toi une grande nation, je te bénirai et j’agrandirai ton nom » (Genèse 12,2). Il est écrit ensuite « Et ce fut la famine dans le pays » (Genèse 12,10) ; Ce fut une grande épreuve (car en total contradiction avec la promesse divine du verset 2). La troisième épreuve fut l’oppression d’Egypte, quand Sarah fut prise par le Pharaon. La quatrième, la guerre contre les quatre rois. La cinquième épreuve a été celle de prendre Hagar pour femme, quand il fut désespéré de l’infertilité de Sarah. La sixième, la circoncision, qui pour lui s’est faite dans sa vieillesse. La septième, l’oppression du roi Garar quand Sarah fut à nouveau captive. La huitième, le renvoi d’Hagar. La neuvième, le renvoi de son fils Ishmaël. La dixième, la ligature d’Itzhak (‘Akkedat Itzhak).

Ce long préambule pour introduire un des épisodes les plus obscures et dramatique de la Genèse. Cet épisode se trouve concentré en peu de versets dans le chap.22 de la Genèse du verset 1 à 19. Cette ultime épreuve qu’Avraham réussie, fit du patriarche le père de toutes les religions monothéistes et est à l’origine de la fête de l’Aid Qurban que les musulmans célèbrent en ce moment.
Etait-il nécessaire, après toutes les épreuves qu’Avraham avait passées, d’ajouter cette dernière ? Quel sens peut avoir pour D. de soumettre l’homme à de telles difficultés, ne sait-Il donc pas tout ? Les interrogations qui viennent semblent infinies et la difficulté est de systématiser l’ensemble pour en tirer un enseignement. Il est évident que l’enseignement qui en découle est fondamental au point que cela est la base même de la foi monothéiste qui sera celle des hommes qui viendront après Avraham.

Essayons de comprendre la dynamique ainsi que le sens de ce que D. a voulu d’Avraham.

Ce qui frappe dans cette épreuve c’est qu’elle n’est ni immédiate, ni momentané. Elle dure trois jours, temps nécessaire pour arriver au lieu choisi. Durant tout ce temps le texte est presque uniquement descriptif, seul un très court dialogue entre le père et le fils apparaît et se conclu de manière étonnante.

Mais prenons le texte (Genèse 22,1-8) : (1) Il arriva après ces faits et D. éprouva (נסה – NiSSaH) Avraham. Et Il lui dit: « Avraham ! ». Il répondit : « Me voici ! ». (2) Il (D.) dit : « Prends donc ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Itzhak ! Et va pour toi (לך לך – LeKH LeKHà) vers la terre de Moryah et fait le monter, là bas, comme ‘Olah (sacrifice d’holocauste) sur une des montagnes que je te dirais ». (3) Avraham se leva tôt le matin et sangla son âne et prit ses deux serviteurs avec lui et Itzhak son fils et il fendit le bois de l’ ‘Olah et il se leva et alla vers le lieu que lui avait dit D. (4) Le troisième jour, Avraham leva ses yeux et vit le lieu au loin. (5)Et dit Avraham à ses serviteurs : « Tenez-vous ici avec âne et moi et le jeune iront jusqu’à là et nous nous prosternerons et nous reviendrons vers vous ». (6) Et Avraham prit le bois de l’ ‘Olah et le mis (chargea) sur son fils Itzhak et il prit dans sa main le feu et le couteau ; Et ils allèrent tous les deux ensembles ! (7) Et dit Itzhak à Avraham son père : « Mon père ! » Et il répondit : « Me voici, mon fils ! ». Et il (Itzhak) dit : « Voici le feu et le bois mais ou est l’agneau de l’ ‘Olah ? » (8) Et répondit Avraham : « D. verra lui-même l’agneau pour l’ ‘Olah, mon fils ». Et ils allèrent tous deux ensembles.

Voici donc le début de l’épreuve. Cherchons à comprendre un peu mieux certains détails. Tout d’abord le sacrifice. Il s’agit d’un עלה (‘OlaH) [holocauste] un sacrifice particulier. C’est un sacrifice où rien ne reste à celui qui l’offre car ce sacrifice est totalement consumé par le feu. C’est un sacrifice total pour D. Contrairement aux autre sacrifice où une portion reste pour les hommes, ici il s’agit d’un don complet et exclusif à et pour D. Il est aussi bon de rappeler que la parole pour sacrifice en générale estקרבן (KoRBaN) de la racine קרב (KaRaV) qui a comme sens rapprocher, proche comme pour la parole Karov qui signifie proche mais aussi parents (les proches). Donc le sacrifice est un cheminement, un rapprochement vers D. c’est un élément dynamique.

Si nous analysons maintenant les versets, plusieurs éléments nous interpellent. Tout d’abord dans le verset 1 la parole « NiSSaH » (éprouva). Cette parole est aussi celle qui donnera « NiSSaYon » (épreuve) or la racine en est נס (Ness) qui signifie miracle, bannière. En quoi une épreuve peut elle contenir un miracle ou être un signe ? En réalité l’épreuve impose à un homme d’agir au-delà de ce qui est normal ou attendu d’une action humaine et à ce moment se révèle D. En cela la réussite dans l’épreuve qu’Avraham doit surmonter sera comme une bannière pour l’humanité, le nom de D. sera alors associé au sien comme il est écrit : « Elokey Avraham, Elokey Itzhak Ve-Elokey Yaacov ! » (D. d’Avraham, D. d’Itzhak et D. de Yaacov). C’est ce que nous raconte d’ailleurs le Talmud avec le maître Shime’on ben Sheta’h. Celui-ci acheta un âne à un non juif et il découvrit qu’une pierre précieuse était attachée sur la couverture qui couvrait l’âne. Il renvoya la pierre au non juif en lui disant qu’il avait payé pour un âne et non pas pour une pierre précieuse. Le non juif alors s’exclama : « Barou’h Elokey Shime’on ben Sheta’h ! » (Béni soit le D. de Shime’on ben Sheta’h !) Le non juif a perçut immédiatement que cette action va à l’encontre de la nature humaine, qu’elle exprime un lien avec une réalité supérieure. C’est pour lui une sorte de « petit miracle » et ainsi il associe D. à l’homme qui a agit de la sorte pour cela il dit : « Béni soit le D. de Shime’on ben Sheta’h ! ».

Le verset 2, quant à lui, est dans son ensemble étrange. Il semble inutile dans ses répétitions. D. pouvait simplement dire : « prend Itzhak ! ». Pourquoi dire ton fils, ton unique, celui que tu aimes pour finir par le nom du fils ? Cela ressemble presque à une insistance pour marquer la particularité de ce fils et augmenter ainsi la souffrance d’Avraham. Pour Avraham ce fils est le bien le plus précieux, fils de la vieillesse, porteur de tous ses espoirs. Ici le midrash nous vient en aide et nous donne une réponse. Le midrash nous dit qu’il s’agit ici des réponses de D. à un dialogue avec Avraham où ce que dit Avraham n’apparaît pas. Voici ce dialogue : D. dit : « prend ton fils ! » Avraham lui répond : « Lequel ? J’en ai deux. ». « Ton unique ! » et Avraham dit : « Ils sont tous deux l’unique de leurs mères ! » D. dit alors : « Celui que tu aimes ! » « Je les aime tous les deux » réponds Avraham. Alors D. dit : « Itzhak ! ».

Avraham demande une certitude, celle que c’est bien cette épreuve que D. lui demande, qu’il s’agit bien de ce fils particulier qu’il chérit plus que tout au monde. Mais cela indique aussi autre chose. C’est qu’avant que tout ne soit dit et conclu, il existe encore un espace pour le dialogue, que l’on peut prendre encore un peu de temps. Cependant une fois que tout est clarifié alors il ne s’agit plus de perdre une seconde, de fait le verset successif nous dit qu’Avraham se lève tôt le matin, qu’il ne perd plus un instant pour accomplir ce que D. veut de lui.

La transition suivante est qu’une fois partit, d’un coup trois jours se sont écoulés sans qu’un mot ne soit dit sur ce voyage. Le verset nous montre un Avraham qui d’un coup lève les yeux et s’aperçoit qu’il est arrivé. Un Avraham qui a parcouru tout ce chemin en silence absorbé par ce qu’il devra accomplir. Avraham vit cette épreuve, sans aucun doute, sur plusieurs plans : Celui sentimental de par le fait de l’amour et des espoirs investis sur ce fils ; Celui intellectuel et spirituel car Avraham a bâtit toute son existence sur la Kedoushat Hachem (la sainteté divine) et le respect de la vie qui en découle et, soudain, ce D. lui demande de bafouer volontairement et consciemment tout cela !

Une fois encore nous auront recours au Midrash (Tanhoumà 22) pour avoir une réponse de ce qui le tourmente : « Il alla vers le lieu » Satan vient à sa rencontre et lui apparut sous l’aspect d’un vieillard. Il lui dit : Où vas-tu ? Avraham répondit : Prier. Satan reprit : Pour un homme qui va prier, quel besoin du feu et d’un couteau à la main et de bois sur l’épaule ? Réponse d’Avraham : Peut-être nous attarderons-nous un jour ou deux ; nous abattrons une bête, la ferons cuire et la mangerons. Satan lui dit : Vieil homme ! N’étais-je pas présent lorsque le Saint, béni soit-il, t’a dit : « Prend ton fils… » ? Vieillard ! Tu as perdu ton cœur ! Le fils qui t’as été donné à cent ans, tu t’en vas l’égorger ? Avraham répondit : C’est à cette condition qu’il m’a été donné. Et s’Il pousse plus loin l’épreuve, tu pourras y résister ? Il répond : même en ce cas. Satan poursuivit : Demain Il viendra te dire que tu es un assassin parce que tu as versé son sang. Avraham répondit : C’est à cette condition qu’il m’a été donné.

Voyant qu’Avraham était inébranlable Satan se transforma en un grand fleuve qui lui coupa la route. Aussitôt Avraham y entra, ayant de l’eau jusqu’aux genoux, il dit à ses serviteurs de le suivre et ils le suivirent. Lorsqu’il fut arrivé au milieu du fleuve, les eaux lui montaient jusqu’au cou. Alors Avraham leva les yeux au ciel et dit : Maître du monde, tu m’as choisi, tu t’es révélé à moi et tu m’as dit : « Tu es unique, comme je suis unique. C’est toi qui feras connaître mon nom dans le monde. Sacrifie Itzhak ton fils devant moi comme ‘Olah ». Sans perdre un instant je me suis mis en route pour accomplir tes commandements. Voici que les eaux menacent de me noyer. Si Itzhak mon fils ou moi mouraient, qui accompliras ta parole ? Qui proclamera l’unité de ton Nom ? Le Saint, béni soit-il,lui dit : Par la vie, c’est par toi que l’unité de mon nom se réalisera dans le monde. Aussitôt le Saint, béni soit-il, admonesta le fleuve qui s’assécha et ils furent sur la terre ferme.

Voici un long midrash qui nécessite un peu d’explication. En réalité il s’agit du dialogue intérieur d’Avraham et le Satan, cet ange particulier qui est l’ange accusateur (et non pas le diable qui pour le judaïsme ne peut et n’existe pas !), ici c’est la conscience d’Avraham qui s’exprime. C’est sa voix intérieure qui pèse et affronte tous les doutes qui l’assaillent. Ces doutes sont autant de tentations pour renoncer à obéir à la demande de D. C’est le sentiment paternel qui s’exprime avec l’argument du fils reçu à cent ans. C’est la voix de la morale aussi lorsqu’il se dit : demain tu te diras : tu es un assassin ! Ou encore la voix de la foi qui est ébranlé lorsque l’homme, qui a su reconnaître seul l’existence de D., se demande quel besoin du feu et du couteau pour prier ? La question est en quelque sorte : la prière comporte-t-elle le sacrifice humain ? Et malgré tous ces arguments, Avraham va de l’avant. Mais il y a aussi la tentation des difficultés extérieures à lui-même, des difficultés qui objectivement pourraient être mise en avant comme excuse pour le non-accomplissement de ce qui est demandé : Je voulais le faire mais je n’ai pas pu ! C’est ce que symbolise la transformation de Satan en fleuve ! Et ici aussi, Avraham n’hésite pas, il affronte la difficulté. Il veut vraiment le faire, sa réponse est : C’est à cette condition … aucun obstacle tant intérieur qu’extérieur ne saurait l’arrêter de respecter la volonté divine. Mais comment les Khakhamim arrivent à déduire tout cela ? Ils s’appuient sur l’unique conversation de tout ce chapitre 22, entre le père et le fils, versets 7 et 8. Peu de paroles mais intenses. Itzhak, qui n’est désigné ici que par le mot fils, est pris d’une crainte et appel son père. Avraham, qui sait, l’apaise en répondant : Me voici, mon fils. Et lorsqu’arrive la question fatidique du Korban Avraham avec sa réponse dévoile à Itzhak la vérité et Itzhak comprend. Ce dialogue est introduit par : « Ils allèrent tous les deux ensemble » et se termine par les même paroles ! Mais avant il s’agissait du fils qui suit le père sans comprendre, une marche silencieuse où seul une personne détient la connaissance alors qu’ensuite il s’agit d’un cheminement commun où chacun sait et accepte le choix divin. L’épreuve est partagée.

Maintenant il est nécessaire de conclure et comprendre, du moins en partie le sens général de cette épreuve. Que veux D. et qu’est ce qu’Avraham apprend ?En réalité ici est posé tout ce que sera le judaïsme. Il ne suffit pas simplement de savoir mais d’agir. Avraham sait qu’il pourrait ou pense être capable de le faire mais ce qui compte n’est pas ce dont on est capable mais ce que l’on fait. L’agir.Il s’agit aussi et surtout d’apprendre à accepter la limite et la réalité. Nous sommes, souvent, porté par de grands sentiments, de grandes résolutions mais qui finissent généralement dans le vide, sans aucune action concrète. L’intention d’Avraham est de démontrer que l’homme peut donner à D. avec amour ce qu’il a de plus précieux, même son fils et son avenir. Mais D. qui le pousse dans un premier temps, va l’arrêter pour lui démontrer, que même si ce projet peut sembler être l’amour ultime entre D. et l’homme, cela ne fait pas parti du dessein divin et Il l’oblige l’homme à renoncer à cette idée. C’est la fin définitive de l’idée du sacrifice humain pour le culte monothéiste ! Mais voilà cependant que D., à son tour offre, à Avraham un autre enseignement. Il lui donne en « remplacement » du fils un bélier à sacrifier. Mais l’expression n’est pas en remplacement dans le texte. Il est écrit (Genèse 22,13) : « …תחת בנו » (TaKHaT BeNO) [ traduit souvent par : à la place de son fils mais littéralement : en dessous de son fils] or il existe en hébreu plusieurs paroles pour dire : « à la place de » comme par exemple Bimkom ce qui signifie que le choix de la parole TaKHaT par la Torah n’est pas casuel. Il est évident pour les rabbins donc qu’un enseignement particulier nous est transmis ici. Il s’agit de nous faire comprendre que ce ne sont pas les grandes actions ou intentions qui sont celles qui changeront les choses car souvent, étant trop élevées beaucoup d’excuses valables font qu’elles ne se concrétisent par aucune action ! Non ce sont celle juste en dessous, en apparence un peu moins significative, qui seront déterminantes mais qui elles n’ont aucune excuses pour ne pas être accomplies ! Voici donc l’autre enseignement fondamental de la ‘Akedat Itzhak, l’agir en tenant compte de notre humanité. Cette expression TaKHaT est d’ailleurs caractéristique aussi de la « loi du Talion » : AYiN TaKHaT AyiN etc… traduit par œil pour œil etc… Ici aussi l’idée est que la justice parfaite et absolu régisse le monde. Mais le principe est trop élevé alors il y a le Takhat – le dessous. Il s’agit donc de dédommagement matériel avec l’argent qui est loin de remplace ce qui a été détruit mais de garder la justice en se monde et que celui qui « agresse » accepte le principe du dédommagement et celui qui est victime accepte le principe de non absolue en prenant le dédommagement. Nous sommes sur terre et non pas au ciel c’est cela que nous rappelle un autre verset de la Genèse dans le premier Chapitre : « Et la terre est sous (TaKHaT) le ciel » Nous le savions, c’est loin d’être une information transcendantale en apparence, mais de cela nous apprenons que nous devons agir dans nos moyens et non pas penser uniquement aux principes absolus. Agir pour le bien de tous, agir pour qu’ainsi à travers ce refus que D. a du sacrifice humain, nous apprenions que c’est avec l’action à notre portée, comme le sont toutes les Mitzvoth, que nous développerons notre Humanité. Pour cela l’ ‘Akedat Itzhak qu’Avraham, a accepté, a fait de ce Patriarche le père de tous les monothéistes.

Mainmon

Source : Blog de Mainmon


lundi 1 janvier 2007

Instant de silence

Bonne année civile (merci Alexandre) à tout le monde, voici le poéme qui m'a poussé à choisir mon avatar.

Entre le palmier et le pin
Devant le ruisseau, presque…
Nos rendez-vous du matin
Et nos chansons romanesques

Instant de silence … !
La colombe blanche atterrit
Entrouvre ses ailes et danse
Heureuse de sa première sortie

Ne connaissant point la peur
Se promenant entre les pieds
Si fière de sa blancheur
Et de ses plumes argentées

Toi, tu avais tellement peur
Qu’elle soit, peut-être, piétinée
Par ces aveugles voyageurs
Et leur cavalcade enragée

La colombe a fini par s’envoler
Et j’ai vu cette empreinte merveilleuse
Ce sourire, cette douce volupté
La joie d’une aventure miraculeuse

Entre le palmier et le pin
Devant le ruisseau, presque…
Nos rendez-vous du matin
Et nos chansons romanesques.




Source : http://mens-divinior.blogspirit.com/archive/2006/04/19/instant-de-silence-le-19-avril-2006.html

Hammouda Mounir

samedi 30 décembre 2006

La sagesse et l'ouverture d'Ibn Arabi

Pour ceux qui ne connaissent pas Ibn Arabi, Mohammed Ibn ’Arabî (محمد ابن عربي), connu sous son seul nom de Ibn ’Arabî (1165, Murcie dans le pays d'al-Andalûs - 1240, Damas). Appelé aussi « Cheikh al-Akbar » (« le plus grand maître », en arabe) , il est un mystique, auteur de 846 ouvrages. Son œuvre aurait influencé Dante et Saint-Jean-de-la-Croix. Dans ses poèmes il traite de l'amour, de la passion, de la beauté et de l'absence. Et pour en savoir plus, Wikipedia a un très bon article sur Ibn Arabi.

Voici les paroles que j'aime le plus chez Ibn Arabi :

Prodige ! Une jeune gazelle voilée

Montrant de son doigt pourpré et faisant signe de ses paupières!

Son champ est entre côtes et entrailles,

O merveille, un jardin parmi les flammes !

Mon coeur devient capable de toute image:

Il est prairie pour les gazelles, couvent pour les moines,

Temple pour les idoles, Mecque pour les pèlerins,

Tablettes de la Torah et livre du Coran.

Je suis la religion de l'amour, partout où se dirigent ses montures,

L'amour est ma religion et ma foi.


Je me souviens, lorsque j'avais posté ces vers sur un forum français, il y'en avait un qui m'avait dit "Vous avez voilé les femmes, et maintenant vous volez voiler les gazelles", et ça m'a fait trop rire.